Ironman de Roth
4 juillet 2004
Ironman 

1967 inscrits - 1700 classés - 1 du CLAIR

 

RESULTATS

Résultats complets (674 Ko)

Les 3 premiers au scratch
Place Nom Prénom Tps
scratch
Tps
natation
  T1   Tps
vélo
  T2   Tps
course
 
1 Mc Cormack Chris 7:57:50 0:47:59 3 1:33 17 4:26:53 3 0:59 4 2:40:23 1
2 Al Sultan Faris 7:58:57 0:45:45 2 1:35 19 4:24:04 1 1:33 91 2:45:57 2
3 Bracht Timo 8:08:03 0:50:05 9 1:14 3 4:25:05 2 0:51 1 2:50:46 5

 

Classement du club
Place Nom Prénom Tps
scratch
Tps
natation
  T1   Tps
vélo
  T2   Tps
course
 
485 Garcia Pascal 10:52:49 1:04:27 383 4:00 507 5:48:03 867 3:05 708 3:53:12 426

ROTH : le récit de Running Duck !
Photos : Fironman (image cliquables) - Live-sportphotos (photos démo basse qualité) - Quelle Challenge Roth

Arrivé le mercredi, je rejoins les deux transfuges du CLAIR Triathlon, Pia et Claudio, à Hilpoltstein, charmante localité située sur le parcours vélo (au pied du Solarerberg, une côte où dit-on il y a de l'ambiance), à 2 Km du départ et 14 Km de Roth. Eh oui, 1ère surprise : 2 parcs à vélos ! Disons-le tout de suite : c'est le seul reproche qu'on puisse faire à cette course qui, sinon, est en tous points extraordinaire.

Jeudi : reconnaissance d'une partie de la boucle vélo. Le vent souffle très fort. Il fallait s'en douter : les éoliennes plantées ça et là tournent à plein régime (même si Pia veut croire que c'est un vent qui ne souffle qu'à dix mètres d'altitude) !!!

Pia a bien besoin de se rassurer. Elle qui a couru son premier CD en 2004, qui n'a quasiment pas pu rouler suite à une douleur au genou, nous fait du méga-stress, même si son objectif est simplement finir !

Perso, je prévois 11h15 (1h15 - 6h00 - 4h00). Au-delà de 11h30, j'arrête le triathlon ! Moins de 11h00... c'est l'exploit ! Claudio, lui, est persuadé que sur un tel parcours vélo des moyennes élevées sont possibles... à voir.


Le site de départ

Le parcours natation est composé d'un grand aller-retour dans le Main-Donau-Kanal (canal du Maine au Danube) qui nous ramène à hauteur de l'arrivée, que l'on dépasse pour effectuer un petit aller-retour nous permettant de rejoindre la sortie de l'eau. Pia part dans la 1ère vague à 6h30, Claudio à 7h00 (temps d'engagement : 10h45) et moi à 7h10 (temps d'engagement : 11h15).

Le départ des bonnets bleus est donné ! Ca va, ça cogne pas trop mais on reste assez longtemps groupés. L'homogénéité des vagues ne favorise pas trop la dispersion. Dés que l'horizon se dégage, je me mets à la recherche d'une paire de pieds accueillante. Pas si facile, d'autant que l'eau du canal est assez opaque et je perds à plusieurs reprise mes poissons pilotes ! Bref, peu avant le 1er demi-tour (vers 1500 m. - 24' à ma montre) je trouve enfin le nageur qui va me tirer (en tout bien tout honneur !) une bonne partie du trajet.

Retour à hauteur de la ligne d'arrivée (48'). Là je me souviens des paroles de Claudio : "là, tu fais encore un aller retour de 50 m. et c'est l'arrivée natation". Je crois un instant à un temps canon ! Mais je déchante bien vite en voyant les bouées oranges à contourner : l'aller retour fait bien plus que 50 m. !!! D'autant que, arrivé aux bouées oranges, je vois les mecs aller encore plus loin pour contourner une bouée à perpette.


Un public de ouf dès la natation !

Comme je n'ai pas trop fait d'effort depuis le départ, je tente d'attaquer un peu pour limiter la casse car je suis persuadé que je m'achemine vers un temps de 1h10 - 1h15 donc pas terrible. Finalement, ma montre affiche 1h04' lorsque j'atteins l'arrivée. 383ème temps. C'est bien, même très bien pour moi.

Mais les choses sérieuses ne font que commencer. Je récupère mon sac et trottine jusqu'à la tente de tiouane bondée où règne une certaine agitation. Là, immédiatement une bénévole m'indique une place libre sur un banc, m'aide à me changer, mets ma combine dans le sac, mes gels dans les poches arrières… Bref, le pied ! Surtout que je lui donne des consignes dans un improbable mélange de français fatigué, d'anglais approximatif, et d'allemand inventé ! Tout ça fait que je sors vite de tiouane. Il est 1h08'33 à ma montre lorsque je saute sur le Giant.

Et là, comme à Embrun l'an dernier, je me demande sur quelle course je suis ! Un Sprint ou un CD ? J'hésite. Tout ce que je sais, c'est que les mecs partent comme des mobylettes. Je regarde mon compteur : 35 à 40, jamais en dessous et je vois pourtant passer un tas de Jürgen, Klaus, et autres teutons déchaînés (nos prénoms sont inscrits sur les dossards). 

Ça roule vraiment fort, même face au vent (qui est bien au rendez-vous). Je suis en surrégime sur les 1ers kilomètres, je n'irai pas bien loin comme ça. Je lève le pied. Évidemment, je perds énormément de places. Mais bon, la course est longue. Je me ravitaille bien, notamment grâce à mon bidon composé d'un breuvage redoutable à base de Coca et de Malto !

Enfin une première bosse au 6ème km ! Je suis rassuré, les gars restent scotchés sur des braquets énormes et je remonte quelques places. Accalmie de courte durée. Dés le replat, ç'est reparti comme en 40 (Km/h bien sûr). Avec une moyenne aux alentours de 33-34 je fais vraiment petit joueur ! En tous cas l'ambiance est là ! Nous traversons une succession de villages ou de côtes noirs de monde et sonorisés sur 200 ou 300 mètres. 

Du 20ème au 40ème, ça roule de plus en plus vite : descente ou plat et vent dans le dos. Un saut de chaîne qui va bien au 35ème et voilà déjà la côte de Greding qui s'annonce (Km 38). C'est la plus grosse difficulté du parcours : un départ très sec, du genre 12 % sur 400 mètres puis 4-5 bornes à faible pourcentage. Là, le public commence à être chaud-bouillant ! Un speaker intarissable et euphorique commente l'ascension !

La bosse passe bien surtout que je suis obligé de rester tout à gauche (32x23) car le 21 et le 19 sautent. Et porté par le public, ça n'a plus rien à voir ! Et pourtant, je n'ai encore rien vu !


Trop de furieux à vélo ! C'est renversant !

Les faux plats face au vent et la descente qui suivent me permettent de perdre encore des places ! Mais la moyenne est bonne (32-33). Je rejoins Pia vers le 60ème qui pensait être dans cet état à la fin du vélo !!! Je l'encourage en lui disant que j'ai doublé un bon paquet de filles qui m'avaient l'air bien plus mal en point.

Au Km 66, je dégaine pour la 1ère fois mon arme secrète : mon sachet de noix de cajou ! Un peu étouffe-chrétien mais idéal pour manger un peu salé et mieux assimiler le sucré. 

Nous voilà de retour à Hilpoltstein au 72ème. Le public est déjà très nombreux sur la ligne droite d'arrivée au village, au bout de laquelle nous devons virer à droite pour grimper le SOLARERBERG : 300 mètres environ à 9 %.

Là, c'est le choc ! C'est au-delà de ce que j'imaginais. Nous grimpons entre deux haies très resserrées de spectateurs survoltés avec crécelles et mains géantes en carton, plus la sono qui crache ses décibels tout au long de l'ascension. Impossible de doubler, la foule s'ouvre tout juste sur notre passage. Il y a même un gamin déguisé en Diablo ! 




Solarerberg : une bosse noire de monde !

Autant dire que dans ces conditions, les 9 % passent comme une lettre à la poste. De quoi bien se requinquer pour terminer cette première boucle de 86 Km. Je discute un peu de Solarerberg avec un triathlète de Draveil qui est mon voisin de parc. Ça me rassure de voir enfin quelqu'un qui roule "normalement". Lui est complètement rassuré : "C'est des gros : sur le marathon, y'aura plus personne" !!! Wait and see...

2ème boucle : je continue à prendre mes gels au rythme d'un toutes les 30 minutes. Pour l'instant, pas de gros coup de mou.

Côte de Selingstadt après le 100ème, je tente de passer sur le 42 comme au 1er tour. Trop dur. Je tombe le 32 et mouline sur le 23 (toujours mes problèmes de dérailleur). Du coup, même en bosse, je ne gagne plus de places. Mais je continue à en perdre sur le plat, c'est l'avantage !

Retour à Greding (Km 124). Pas d'hésitation, tout à gauche ! Le speaker tient encore le crachoir avec une belle constance. J'entends soudain dans les hauts parleurs :"1243 - Pâskâl Kârciâ für Frankreich - Allez Pâskâl tu fâ kagner auchourd'hui" ! Je voudrais lui faire signe, mais avec tout ce monde, va savoir où il est ! Autre surprise dans l'ascension : Claudio est arrêté sur le côté. Il me dit qu'il n'est plus dans le coup et qu'il attend Pia pour finir la course avec elle.

La fin de parcours est assez dure car le vent souffle souvent de face et les kilomètres accumulés sont bien dans les jambes. J'ai envie de pisser. J'hésite à m'arrêter, je vais encore perdre des places. Alors je roule ! 

Je ne suis plus très fringuant vers le 135ème mais je ramasse quelques morts (pas trop tôt) et les mobylettes venues de l'arrière sont plus rares. Noix de cajou. Gel toutes les 30'. 

Soudain, je m'aperçois que je n'ai plus que 2 gels. Qu'est-ce que j'ai foutu ? Sauf erreur, je vais mettre plus d'une heure pour boucler les 45 derniers Km ! Pourtant, j'avais prévu pour 6 heures de course ! En faisant ma petite lessive chez moi, je retrouverai 2 gels non entamés parmi les emballages vides dans mes poches...

Solarerberg, acte 2. La foule est un peu moins dense cette fois ci. Mais l'ambiance reste bien au-delà de tout ce qu'on peut voir sur un tri "normal" ! 


Solarerberg encore...

Enfin les 20 derniers kilomètres. Ouille ! Je coince. Dernier gel. Ça revient un peu mais j'en ai ma claque. La moyenne a chuté progressivement : 31 désormais. Le retour sur Roth me paraît long. J'ai passé les 180 à mon compteur et toujours pas de parc en vue.

Enfin la foule ! 182 kilomètres. 5h48 de selle. 867ème temps. A peine dans la 1ère moitié. Et pourtant, je mets 12 minutes de moins que prévu. Bref, je finis en état... on va dire convenable, c'est le principal. 

Titou passe rapidement car on abandonne son vélo aux organisateurs dés la ligne d'entrée dans le parc et nous sommes encore bien assistés dans la tente de changement. 

Je chausse les Kukini et c'est parti pour le marathon. Power Duck On ! Mon chrono affiche alors 6h59'30". Et là, je dois bien avouer que l'idée de passer sous les 11 heures commence à me titiller. Il "suffit" de sortir un marathon en 4 heures ! Mais priorité n°1 pour le moment : il faut que je pisse ! Et il me faudra attendre un bon 500 m. avant de trouver un espace dans la foule.

Km 1 - 5'15" ravito et pause pipi compris. C'est bon signe. Km 2 - 10'. Je suis sur orbite. Je croise Mc Cormack et Al Sultan qui volent vers l'arrivée. Arrêt à chaque ravito : coke - eau - parfois gel et fruits secs. Surtout éviter l'hypo.


Chris et Faris, mes deux potes !

Le marathon est une sorte de grand T composé d'allers-retours au bord du Main-Donau principalement. Le gars de Draveil avait raison. Les costauds ont du mal. À 12 à l'heure, je remonte constamment.

Le premier turning-point est en fait un circuit à travers Schwand, un village entièrement sonorisé et encore un public invraisemblable ! 

À l'heure de course, je suis tout près du 12ème Km. Je commence à faire mes petits calculs : il me reste 3 heures pour faire 30 bornes. Sur le papier, ça se fait sur une jambe. Sur le terrain, c'est le doute : un coup de bambou et tout peut s'écrouler.

Sur ces belles pensées, je croise Pia et Claudio qui courent ! Pour Claudio, ça semble normal mais, franchement, je pensais que Pia aurait plus de mal à digérer les 180 bornes.

J'atteins le semi en 1h51. Je cours désormais à 11 de moyenne, arrêt à chaque ravito compris. La looooooongue ligne droite du second aller-retour me casse un peu le moral. On voit des concurrents très, très loin. Je me rends compte que la route est encore longue.

Ça y est, ça commence à gerber dans les bas-côtés et les marcheurs se font plus nombreux. J'arrive au Km 25 et repense au commentaire de Dave Scott : "L'ironman commence au 25ème Km à pied" ! Sacré Dave. Va voir du coté de chez Swann si j'y suis ! Avec 208,8 Km au compteur, j'ai pas vraiment l'impression de commencer mon Ironman !

On quitte peu après le canal pour un passage descendant bien sympa en forêt (qu'il faudra remonter puisque nous sommes en aller-retour). Léger coup de mou au 28ème. J'en profite pour faire ma deuxième vidange du marathon et faire quelques flexions. J'ai les cuisses dures.

Turning-point au Km 29. Ça sent de plus en plus l'écurie. J'ai maintenant 6'30" au Km pour rentrer en moins de 11 heures. La montée dans la forêt fait mal mais je cours toujours, c'est l'essentiel. Retour le long du canal pour les 10 derniers Km. C'est long. J'assure un 10-11 tout en m'arrêtant toujours à chaque ravito. Je commence à croire que plus rien ne peut m'arriver.

À hauteur du semi, je croise de nouveau Pia et Claudio à un ravito. Toujours en course la petite ! Incroyable !

Il me reste 3 Km. Je repasse là où j'ai croisé les cadors il y a plus de trois heures. Une dernière bosse et c'est l'arrivée dans le stadium (immense aire avec tribunes aménagée  spécialement pour l'Ironman). Au lieu de savourer ces derniers instants, je vais encore chercher 2 concurrents. Ce qui est très con, vu que je ne connais pas leur vague : ils peuvent très bien avoir déjà 5 ou 10 minutes d'avance ou de retard !


Arrivée dans le stadium

Je franchis la ligne en 10h52'49" - 3h53 sur le marathon dont 2h02 sur le 2ème semi. Polo de finisher en main, je me rends au ravito d'arrivée, une sorte d'immense banquet sous tente. Là encore, bravo à l'organisation. Ça n'a rien à voir avec ce qu'on trouve habituellement.

Passage vite fait bien fait à l'infirmerie : j'ai les dessous de bras cramés par les frottements qui me forcent à déambuler avec les coudes levés !

Je somnole ensuite gentiment sur une pelouse dans l'attente de Pia et Claudio. Les tourtereaux arrivent après 14h15 de course (pour Pia puisque Claudio est parti 30' plus tard). Elle a couru tout le long ! De l'importance du mental sur ce genre de course...

En résumé, Roth est vraiment conforme à ce qu'on raconte. L'organisation et le public sont vraiment incroyables. Tout est fait pour qu'il y ait une grosse, grosse ambiance.

C'est également une épreuve assez rapide (les 1ers sont sous les 8 heures) mais attention ! Le vélo est loin d'être plat (1300 m. de dénivelé parait-il) et le vent, comme cette année, peut durcir la course.

C'est donc un Ironman que je recommande à tou(te)s. Les inscriptions 2005 sont déjà ouvertes...

Pascal
Le 17 juillet 2004.


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